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Ministre verte du Logement, pas question de quitter le gouvernement. Mais elle veut peser plus…

Interview dans Le Parisien du 17 septembre 2013 par Rosalie Lucas

 

Les tensions entre les écologistes et l’exécutif restent vives après la confirmation par François Hollande qu’il n’y aurait pas d’augmentation de la fiscalité sur le diesel. La ministre Cécile Duflot entend rester au gouvernement « pour peser ».

 

Noël Mamère se dit prêt à quitter Europe Ecologie- les Verts si vous restez au gouvernement. Vous allez l’écouter ?


CÉCILE DUFLOT. Quand les temps sont durs, il faut se serrer les coudes et ne pas rajouter de la confusion à la crise. La parole de Noël est historiquement libre. En juillet 2012, il voulait ne pas voter la confiance au gouvernement, il y a une certaine constance chez lui. Le vrai sujet est de savoir à quoi nous sommes utiles pour répondre à la crise, qui n’est pas seulement une crise sociale mais aussi une crise démocratique.

 

Le feuilleton autour de votre participation au gouvernement ne vous décrédibilise-t-il pas ?


J’ai toujours placé notre travail dans la durée. Quand on est écologiste, on ne croit pas qu’on va faire changer les choses en claquant des doigts. La culture des écologistes, c’est le choix de l’action, de penser aux générations futures. L’écologie est un combat, un combat contre les conservateurs, contre les lobbies, contre le manque de courage.

 

D’autres députés écologistes ont quand même dit qu’en l’état ils ne voteraient pas forcément le budget 2014…


Une majorité doit écouter toutes ses composantes. Le budget, c’est la traduction des engagements pris par la majorité. Les écologistes ont des attentes fortes. La discussion doit avoir lieu. Le gouvernement a fait le choix du socialisme de l’offre. Je pense qu’il faut maintenant porter une écologie de la demande, c’est-à-dire une politique qui réponde aux questions quotidiennes.

 

Regrettez-vous que François Hollande ait fermé la porte à une augmentation des taxes sur le diesel ?


On a trompé les Français en les poussant à acheter des véhicules au gazole, dangereux pour la santé publique. La vraie solution, c’est d’en sortir. Il faut travailler sur la filière automobile, trouver des mesures de compensation pour les ménages, travailler avec les professionnels qui sont touchés par le sujet, les pêcheurs et les agriculteurs. L’outil fiscal est un moyen pour y parvenir que nous devons utiliser, ce n’est pas la seule solution.

 

Hollande a annoncé que la contribution climat-énergie n’aurait pas d’effet avant 2014. Cela va-t-il assez vite ?

 

Il faut dire les choses quand elles vont dans le bon sens : donner une composante carbone à la fiscalité, c’est bien. Une fiscalité qui pèse davantage sur ce qui pollue et sur les ressources non renouvelables que sur le travail ou les ressources renouvelables, c’est ce que nous demandons.

 

Qu’attendez-vous de la conférence environnementale vendredi ?


Des actes forts, sans plus attendre, notamment sur la transition énergétique, mais aussi pour l’agriculture et la santé. C’est un rendez-vous majeur. L’année dernière, le président avait fait un discours dans lequel il avait engagé la France vers la transition écologique. Il faut accélérer ce processus qui peut créer plus de 100 000 emplois et répondre aux menaces, notamment au dérèglement climatique.

 

Il a déjà annoncé un crédit d’impôt pour la rénovation thermique. C’est un cadeau à la ministre du Logement que vous êtes pour que vous calmiez vos troupes ?


Ce n’est pas un cadeau pour une ministre, c’est une nécessité pour des millions de ménages français. Quand on habite dans une maison des années 1950, chauffée au fioul, on peut économiser jusqu’à 200 € par mois en isolant sa maison et en changeant de mode de chauffage. La rénovation thermique, c’est une priorité pour l’emploi et le pouvoir d’achat.

 

Votre loi logement sera votée aujourd’hui. Vous êtes satisfaite ?


Cette loi va encadrer les loyers, créer une garantie universelle des logements, lutter contre l’habitat indigne avec des mesures que les collectivités locales attendent parfois depuis quinze ans et c’est une loi qui va efficacement donner les moyens de lutter contre la disparition des terres agricoles. Ce n’est pas une bataille personnelle, c’est un engagement tenu.

 

Vous êtes donc une ministre heureuse ?


Je suis une ministre combative. Je continuerai à me battre pour l’écologie car je crois que c’est la solution à un certain nombre de problèmes. On ne peut pas être dans le renoncement et se cacher les yeux en ne voyant pas qu’une partie de notre pays est attirée par les solutions extrêmes. Il y a un risque de déchirure. Chacun à sa place doit éviter que ça arrive.

 

Les écologistes vont arrêter le chantage au départ ?


Nous devons peser sur le cours des choses. C’est pourquoi la question n’est pas celle d’une mise en scène d’un départ, mais la manière dont nous portons des exigences qui orientent la majorité. Les questions que nous posons sont capitales et ne peuvent être ignorées. Il nous faut maintenant passer du temps du discours à celui des résultats.

Tag(s) : #Economie
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