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heade12145rYves Cochet, député d'Europe écologie- Les Verts, propose de mettre en place un tarif social de l'essence. Proposition aussitôt rejetée par Christine Lagarde.

 

 

Sur fond de crise libyenne et d'inquiétudes sur d'éventuelles contagions à d'autres pays arabes producteurs de pétrole, les prix des carburants, déjà à la hausse depuis plusieurs mois, ont battu la semaine dernière les records atteints en 2008. Le litre de super sans plomb dépasse 1,50 euro et dépasse même les 1,60 euro dans certaines stations.

 

 

Yves Cochet a proposé mercredi la mise en place d'un tarif social sur l'essence. Le député Europe écologie de Paris en détaille les modalités pour www.libération.fr

 

 

En quoi consisterait le tarif social pour l'essence que vous proposez ?

 

Il ressemblerait un peu à ce qui peut déjà se faire pour le gaz, l'électricité, la téléphonie mobile. Je propose que les 20% de nos concitoyens les plus défavorisés puissent accéder à un quota de litres (autour de 100 litres) à un prix plafonné à 1,50 euros, le niveau actuel de prix. Pour déterminer qui aurait le droit à ce tarif social, on se baserait sur la feuille d'impôt, ce qui donnerait droit à l'obtention d'une carte, que le citoyen présenterait à la caisse. Au-delà du quota de cent litres, ce sont les prix du marché qui s'appliqueraient.

 

Ce tarif social serait valable pour la seule année 2011, afin de pallier, dans l'urgence, l'explosion des prix qui touche nos concitoyens les plus fragiles, par exemple le smicard du fin fond du Val d'Oise, qui vient travailler à Paris avec sa vieille diesel parce qu'il n'a pas de transports en commun à disposition.

 

 

Comment serait financé ce tarif social ?

 

Même si les prix continuent d'augmenter, ce qui est inéluctable selon moi, la différence serait prise en charge par une taxe exceptionnelle payée par Total. Le tarif social serait valable sur toutes les pompes, mais la taxe ne peut être appliquée qu'à Total, la seule grande entreprise pétrolière de droit français, qui a fait plus de 10 milliards de bénéfices l'an dernier et qui en fera encore plus l'an prochain. Cette taxe est assez simple à mettre en oeuvre: cela peut se faire par une loi de finances rectificative. Ainsi, dès la semaine prochaine, on peut instaurer cette taxe exceptionnelle. De cette façon, ce n'est pas l'Etat qui prend en charge ce tarif social, comme le laisse entendre Christine Lagarde.

 

 

Cette idée ne va-t-elle pas à l'encontre des principes écologistes ? Fait-elle consensus au sein d'Europe écologie les Verts ?

 

Je note d'une part que Jean-Marc Ayrault a repris l'idée à son compte. Chez les écolos, on a toujours dit que l'ère de l'énergie abondante et bon marché était terminée. Il faut s'habituer à payer un prix élevé. Cette hausse des prix est un signal marché très fort aux entreprises, aux ménages, pour leur dire qu'il faut devenir plus sobre. Mais comme la hausse est assez brutale, il faut avoir en même temps un souci social. Ce qui n'empêche pas que l'ensemble de la société sera amenée à faire des efforts, sur l'adoption de transports en commun, sur les économies d'énergie, etc.

 

 

La ministre de l'Economie a rejeté ce matin votre proposition. Les mesures prises par le gouvernement vous semblent-elles à la hauteur ?

 

Madame Lagarde propose de couper le moteur aux feux rouges. Je crois qu'elle ne se rend pas compte de la détresse de nos concitoyens. Elle mise sur une reprise de la croissance, qui entraînera une baisse des prix à la pompe. C'est irréaliste. Les prix continueront d'être élevés.

 

 

Un peu comme vous, Marine Le Pen propose une « sur-taxation des profits des grandes entreprises »

 

Je combats le Front national et je n'y peux rien s'il défend, comme moi, la mise en place d'un prélèvement exceptionnel pour mettre en oeuvre un tarif social.

 

 

Elle propose aussi d'abaisser la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP)

 

Je suis absolument contre, de même que je suis contre un abaissement de la TVA. Cela repose sur une idée préconçue, qui veut que lorsque les prix à la pompe augmentent, l'Etat s'enrichit. C'est faux. L'augmentation des prix engendre une hausse des rentrées dues à la TVA, qui est proportionnelle au prix. La TIPP, elle, n'est pas proportionnelle au prix, mais au volume consommé. Et lorsque les prix augmentent, les volumes consommés baissent. Il y a donc moins de rentrées dues à la TIPP. De plus, l'Etat, notamment à travers l'armée, est aussi un gros consommateur de carburant, qu'il paie aux prix du marché. La baisse de la TIPP serait enfin un mauvais signal donné aux entreprises pétrolières.

 

 

Au-delà d'un tarif social pour 2011, que proposez-vous à plus long terme ?

 

Cette mesure d'urgence laisse le temps aux autorités organisatrices des transports en commun de mettre en place de nouvelles lignes de bus. De plus, si en décembre 2012, le prix du litre atteint les deux euros, il faudra prendre des mesures plus dures. Je proposerais un rationnement de la consommation de carburant. Aujourd'hui, il y a déjà un rationnement, qui s'opère à travers les prix : les plus riches ne sont pas limités, les plus pauvres, si. Avec un contingentement des dépenses, chacun aurait le droit à un peu de mobilité, quelle que soit sa situation financière.

Tag(s) : #Transports
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