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stop nddlTribune dans Libération du 2 août 2013 par Morgane Créach, Directrice du Réseau Action Climat France. Stéphen Kerckhove, Délégué général d’Agir pour l’Environnement

 

Un nouveau grand rassemblement a lieu à Notre-Dame-des-Landes contre le projet de nouvel aéroport. Un projet anachronique, coûteux, et totalement inutile.

 

A cette occasion, le Réseau Action Climat et Agir pour l’environnement interpellent le gouvernement : pour être cohérent avec les intentions affichées, il doit cesser de privilégier l’avion et s’attaquer à son impact dévastateur sur le climat.

 

Dans le débat public, rares sont ceux qui s’interrogent sur la place et l’avenir de l’aviation, à l’heure où notre pays essaie d’avancer vers la transition énergétique et écologique. Ce gouvernement l’a exclue du champ de la transition et en a fait un secteur privilégié.

 

Pourtant, l’avion est, de très loin, le moyen de transport le plus polluant. Il rejette aujourd’hui trois fois plus de CO2 que la voiture par passager et par kilomètre parcouru. Plus inquiétant encore, ses émissions explosent au niveau mondial. On ne peut donc s’attaquer sérieusement au changement climatique sans réduire drastiquement la pollution des avions.

 

Face à cette réalité, les signaux envoyés par le gouvernement depuis son arrivée au pouvoir sont alarmants : opposition à la législation européenne en place pour réduire les émissions du transport aérien (système européen de quotas carbone), nouveau plan de compétitivité allégeant davantage les taxes payées par les avionneurs, défense d’un accord au rabais dans le cadre des négociations internationales sur la réduction des émissions de CO2 du secteur aérien.

 

Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est symptomatique de cet état d’esprit du gouvernement : la tendance à ignorer le changement, à vouloir «faire comme avant» et à croiser les doigts pour que le modèle de croissance des années 70-80, période de l’essor de l’aviation, refasse son apparition. Un nouvel aéroport aurait pour conséquence de stimuler le trafic aérien là où il n’est pas nécessaire. En France, l’aérien connaît la plus forte augmentation d’émissions de gaz à effet de serre, même si à l’échelle de notre pays des alternatives existent.

 

Non pas moins obsolète, l’exonération de taxes sur la consommation de kérosène (ex-TIPP) date des années 40 et ampute le budget de l’Etat de centaines de millions d’euros chaque année ! Cet aveuglement coûte cher au contribuable : les budgets publics des pays de l’Union européenne sont réduits de 39 milliards d’euros par an à cause de ces cadeaux fiscaux accordés à l’aviation (1) . Ce traitement de faveur injustifié par rapport à d’autres modes de transport n’est rien d’autre qu’un droit à polluer.

 

Sur la fin de l’exonération de taxe sur le kérosène, le gouvernement botte en touche et refuse de l’inclure dans le projet de loi de finances pour 2014.

 

Ceux qui voient dans l’aviation une opportunité économique font fausse route. Débourser des milliards d’euros d’argent public pour développer le transport aérien en France est un véritable gaspillage. La période actuelle de hausse du coût de l’énergie (dans un secteur où le pétrole est irremplaçable (2)), d’urgence climatique et de fragilité croissante des écosystèmes devrait nous pousser à revoir nos modes de consommation et de mobilité.

 

La limitation puis la baisse du trafic aérien à l’échelle mondiale demeurent une absolue nécessité. Au même titre que les autres secteurs et moyens de transport, il est grand temps que l’avion contribue à l’effort de lutte contre le changement climatique et notamment à l’objectif de réduction de 20% des rejets de gaz à effet de serre des transports (loi Grenelle 1). Sans quoi, la transition énergétique restera hors de portée. Nous demandons au gouvernement de briser le tabou national sur le transport aérien.

 

En savoir plus :

 

www.lesdessousdelaviation.org , la campagne du Réseau Action Climat pour couper les ailes de la pollution des avions

 

1) Transport et environnement, CE Delft, Estimated revenues of VAT and Fuel Tax on aviation, juillet 2013. http://www.transportenvironment.org/sites/te/files/publications/CE_Delft_7B52_Estimated_revenues_of_VAT_and_fuel_tax_on_aviation_def.pdf

 

2) Philippe Boisseau, le patron de la division Energies nouvelles du groupe Total, annonçait récemment dans 20 minutes : «Vous ne remplacerez jamais les hydrocarbures, mêmes fossiles, dans l’aviation. On dit toujours que la dernière goutte de pétrole sur Terre ira dans un avion.»

Tag(s) : #Transports
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