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EVAJOLY2012

 

La position d'Eva Joly au sujet de la demande d'adhésion de l'Etat palestinien à l'ONU.

 

 

Le 23 septembre prochain, l’Etat palestinien demandera à l’ONU de l’accepter comme membre à part entière comme Etat souverain, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. 63 ans après la création de l’Etat d’Israël, les nations du monde réunies à l’ONU s’apprêtent à décider de l’avenir de la Palestine.

 

 

Le temps est venu pour la Palestine de rejoindre la communauté internationale. Nous sommes parvenus au seuil d’un tournant historique dans l’histoire de cette région et du monde. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations-Unies a adopté la résolution 181 demandant la création de deux Etats, celui d’Israël et celui de Palestine, recommandant le partage de la Palestine, l’un arabe et l’autre juif. C’est cette résolution n°181 qui assure, aujourd’hui encore, les conditions de légitimité internationale qui devraient garantir le droit du peuple palestinien à la souveraineté et à l’indépendance.

 

 

En demandant d’entrer comme Etat souverain à l’Organisation des Nations Unies, la Palestine interpelle la responsabilité de la communauté internationale. Le statu quo n’est pas acceptable. Il ne tient pas compte de la primauté du droit et de la légalité internationale incarnés par les résolutions de l’Organisation des Nations unies depuis 1947, reconnaissant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, à l’indépendance politique et à la souveraineté sur son sol. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a donné son sentiment : «L’Etat d’Israël existe. L’Etat de Palestine n’existe pas. Il est essentiel qu’un Etat de Palestine souverain soit réalisé sur la base des frontières de 1967 accompagné d’échanges de territoires et d’une solution sur la question des réfugiés.» La question de la reconnaissance de l’Etat palestinien n’est pas nouvelle.

 

 

Près de 130 Etats ont reconnu la Palestine comme Etat à part entière, dont huit membres de l’Union européenne ayant réagi positivement à la déclaration d’indépendance de la Palestine du 15 novembre 1988. Depuis lors, la reconnaissance a été évoquée par l’Union européenne dans les Accords d’Oslo, la « feuille de route » de 2003 voulait aboutir à la création d’un Etat palestinien indépendant, la Conférence d’Annapolis en 2007 évoquait le délai d’un an.

 

 

L’établissement de l’État de Palestine avec pour capitale Jérusalem-Est permettra de faire avancer la paix au Moyen Orient. Mais ne nous cachons pas les problèmes. L’édification de cet Etat, même reconnu par la communauté internationale, sera difficile. Les Israéliens ont transformé progressivement la Cisjordanie en un «gruyère d’implantations imbriquées dans des terres palestiniennes» comme l’ont reconnu les deux initiateurs de l’Appel de Genève Sari Nusseibeh et Yossi Beilin. Les quartiers arabes de Jérusalem sont cernés de constructions qui empêchent toute possibilité d’envisager une entité autonome palestinienne dans la capitale. La bande de Gaza subit un siège inhumain et sa population civile est prise en otage.

 

 

La responsabilité d’Israël dans la région et la colonisation des terres depuis la guerre de 1967 lui donne des obligations particulières envers l’État de Palestine. La colonisation des terres devra cesser, le mur être détruit, la question des réfugiés réglée, la continuité territoriale entre la Cisjordanie et Gaza assurée.

 

 

L’Etat palestinien a aussi des obligations :

 

Il doit veiller au développement du pays pour le bénéfice de tous ses habitants;

 

il doit être fondé sur la liberté, la justice et la paix et assurer la plus complète égalité sociale et politique à tous ses habitants sans distinction de religion, de race ou de sexe;

 

il doit garantir la liberté de culte, de conscience, de langue, d’éducation et de culture et assurer la protection de tous ses citoyens quelles que soient ses origines ethniques, religieuses ou politiques et sera fidèle aux principes de la Charte des Nations-Unies.

 

 

En accueillant la Palestine dans le concert des nations, en reconnaissant la souveraineté et l’indépendance de la Palestine et en accompagnant ce geste de l’indispensable soutien financier qu’il requiert, l’Europe ancrera solidement l’Etat palestinien dans le camp de la paix et de la coexistence, renforcera la stabilité de la région et aura ainsi œuvré à la paix et à la réconciliation.

 

 

Aujourd’hui, la question de la reconnaissance de cet Etat est posée. Il faut y apporter une réponse claire et nette. La France et l’Europe ne peuvent tergiverser. Nous devons tous nous engager à soutenir la création de ce nouvel Etat qui permettra d’avancer dans le processus de paix et d’assurer la sécurité des deux Etats, celui d’Israël et celui de Palestine. Cet acte fondateur est aussi une contribution essentielle à la révolution démocratique arabe qui balaie les dictatures .

 

 

J’en appelle à l’Union Européenne, à la France, à tous les hommes et les femmes du monde épris de justice et de liberté. L’Etat palestinien doit devenir le 194ème Etat reconnu comme faisant partie de l’ONU.

 

 

Je demande aux Nations – Unies d’aider le Peuple Palestinien à édifier son État et de recevoir l’État de Palestine dans la famille des Nations.

La paix doit avoir sa chance. Donnons une chance à la paix et à la justice.

Eva Joly

Tag(s) : #actualités internationales
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