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Dominique Voynet, maire de Montreuil et sénatrice de Seine-Saint-Denis, était en meeting avec Martine Aubry mercredi à Nantes. L'occasion de montrer en actes l'union à gauche malgré le malentendu breton. La cofondatrice des Verts fait le point pour leJDD.fr sur cet attelage aux relents de gauche plurielle. Si elle croit à un renouveau de la gauche et se montre ouverte au dialogue, elle préfère rester prudente. Chat échaudé craint l'eau froide.



Vous étiez en meeting commun à Nantes avec Martine Aubry. Est-ce le signe du retour de la gauche plurielle dont vous avez été l'une des principales actrices ?


Ce n'est pas un retour en arrière. C'est une volonté d'afficher une union de la gauche qui ne serait plus fondée sur la loi du plus fort mais sur un partenariat plus équitable. Je crois que nombreux sont ceux, au Parti socialiste, qui ont pris conscience du fait que la question n'est plus celle d'un rapport de forces arithmétique entre les formations mais celle du désamour civique et de l'abstention, ainsi que la prise en charge de sujets sur lesquels la gauche n'est pas prête et a pris du retard. C'est donc l'idée d'une gauche refondée, rassemblée et élargie sur ses thématiques et ses projets qui a été promue à Nantes.


 

Vous pensez que le PS a battu sa coulpe ?


Quand le Parti socialiste n'a pas besoin des écologistes, il peut être à nouveau traversé par des tentations hégémoniques. Mais nous savons que la belle victoire aux régionales de 2004 n'a pas construit de succès par la suite. C'est également difficile de dialoguer quand les gens ne se sont pas parlé pendant des années. L'idée est donc de nouer des relations durables sur un débat de fond et non sur des opportunités électorales. Les discussions sur le projet n'ont d'ailleurs pas été aussi difficiles qu'il n'y paraît. Nous nous sommes mis d'accord sur une méthode même si socialistes et écologistes n'ont pas la même vision, à ce stade, sur certains sujets comme ceux des identités et des territoires.

 


La bisbille entre le PS et Europe Ecologie en Bretagne ne marque-t-elle pas déjà le début de la fin de l'union et de la solidarité à gauche ?


Je crois que c'est l'inverse. La décision de Jean-Yves Le Drian n'a pas été comprise par certains de ses colistiers, et ils ne se sont pas gênés de lui faire savoir. Pendant des années, les écologistes étaient confrontés à des candidats ad hoc, sortis du chapeau pour essayer de diviser l'électorat écologiste. En Bretagne, c'est un peu comme ça que se sont comportés les socialistes. Ils ont monté un mouvement concurrent des Verts pour les municipales à Rennes, pour les régionales en Bretagne cette année. Et prétendre imposer ces partenaires de circonstances aux Verts, c'est comme si on disait que le temps de parole de Kouchner, Besson ou Amara était comptabilisé sur le temps de parole des socialistes. C'est grotesque. C'est une vieille méthode. On aura tous à gagner à faire les choses de manière ouverte et transparente. Il faut plus de respect, de travail de fond et moins de rapport de forces et moins de caporalisme.

 


Vous l'avez dit à Martine Aubry ?


Je n'ai pas d'ennemi à gauche. Après le conflit électoral vient le moment où les personnes de bonne volonté doivent se remettre à travailler ensemble. Ce qui m'intéresse, c'est d'encourager les dynamiques. Martine Aubry est dans son rôle, j'espère être dans le mien. On va se garder, les uns, les autres, de prononcer la parole ou de faire le geste irréparables. Il faut permettre à une dynamique de gauche de s'enclencher pour permettre en 2011 ou en 2012 de nouvelles victoires.

 


Est-ce que le bon score d'Europe Ecologie au premier tour signifie l'ancrage définitif des idées vertes dans la vie politique française ?


Il n'y a rien de définitif, rien n'est jamais acquis. Ce sont les électeurs qui décident. En 1992 et 1997 on avait fait de très bons résultats. Ils ont été beaucoup moins bons par la suite. Mais il n'y a pas de fatalité à ce que l'UMP soit le parti de premier plan et gagne les élections nationales et que les partis de gauche soient repliés sur les collectivités territoriales. On peut et on doit gagner ensemble une élection présidentielle ou les élections législatives.


 

Que pensez-vous de l'appel du 22 mars de Daniel Cohn-Bendit ?


Je suis comme tout le monde, j'en entends beaucoup parler. Il y a déjà des réponses à l'appel alors qu'il n'est pas paru. Est-ce qu'on a besoin de renforcer l'organisation qui a émergé au sein d'Europe Ecologie ? Bien sûr que oui.

Est-ce qu'on peut le faire sans reproduire les faiblesses de ce jeune parti très ambitieux dans sa pratique démocratique et confronté aux règles de la vie politique et aux contraintes électorales ? Sans doute.

Est-ce qu'on doit poursuivre le dialogue avec l'ensemble de la gauche ? Bien sûr.

Est-ce qu'on doit négocier l'absence d'un candidat à l'élection présidentielle en échange de la certitude d'une juste représentation au parlement ? Peut-être.

 


Un des points forts des Verts, ou une faiblesse, c'était jusqu'à présent une absence de guerre d'égo.


Je trouve qu'il y a remarquablement peu de conflit d'ego. Et puis quand on gagne, il n'y a pas de conflit d'ego, c'est quand on perd que cela surgit. Il y a un enjeu important: le moment délicat quand les anciens vont devoir passer la main. Il faut un peu de générosité pour soutenir sans faire de l'ombre. Et je crois que Daniel Cohn-Bendit le fait très bien avec Cécile Duflot.

 

Tag(s) : #Elections régionales 2010
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