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Fatigué d'avoir affaire à des groupes de citoyens homogènes, la mairie de Bagnolet a décidé pour les habitants de la Capsulerie qu'ils devaient tous être sportifs.
En effet, bien que chacun d'entre nous souhaite dans son for intérieur mener une vie saine et de pratiquer régulièrement de méritoires efforts physiques, la mairie souhaita s'assurer de la réalité des faits par une petite mesure incitative : quoi de plus efficace que de ne pas organiser de desserte de transports en commun trop proche ?
Ainsi, les nombreux habitants des grands immeubles de la Capsulerie et des pavillons des rues adjacentes bénéficient d'occasions variées de renforcer leurs mollets, leurs biceps et autres muscles des cuisses dont personne ne connait exactement le nom : porter des colis, monter les courses, propulser les poussettes et autres landaus en haut de la côte, tirer le caddy de retour d'Auchan ou du marché jusqu'à son humble demeure. Sans parler des enfants ou ados qui, revenant de leurs demi-journées studieuses, profitent de l'occasion pour monter la côte plusieurs fois par jour. Pour la monter, il a fallu la descendre, car de la station de métro Galliéni à celles du 122 ou du 102, les 2 bus les moins lointains, on peut renforcer ses ménisques.
Tard le soir, c'est encore mieux : le quartier impressionne quelque peu car il est désert, on accélère alors le pas et on acquiert d'autant plus vite une silhouette fuselée, comme sur les magazines.
Les pauvres habitants des autres quartiers ont souvent une station de bus à leur porte. Ils cèdent évidemment à la tentation et ne parcourent que quelques petites centaines de mètres, bien impropres à entretenir leur « fitness».
Certes, certains du quartier de la Capsulerie, plus faibles que la plupart, commandent un taxi pour revenir par exemple d'une soirée parisienne. Ils auraient pu prévoir la veille que, la séance de cinéma se terminant à 22h15, ils arriveraient, refusant tout imprévu à la sortie du spectacle, au terminus du métro à 22h28, et prévenir le service-individualisé-des-transports-municipaux de les acheminer moyennant une obole de 1 €, ce que les pauvres habitants des autres quartiers n'ont même pas l'occasion de faire.
Idem pour acheminer leurs fardeaux. Sans voiture, comment hisser en haut de la côte à 15% le dernier aspirateur qui permettra de maintenir l'appartement en état ? En le faisant livrer, bien sûr. Ce que les pauvres habitants des autres quartiers ne pensent pas à faire, puisque le bus les dépose devant leur porte.
Un seul regret : les spectacles sous le chapiteau ont provoqué des dessertes descendant allègrement la rue de la Capsulerie, comme nous risquerions d'en avoir si le quartier des sportifs était desservi comme ceux des communs des mortels. Les mauvaises habitudes menacent, et si la mairie elle-même fait la preuve qu'elle ne fait plus d'exception, comment assumer honorablement notre différence ?

Tag(s) : #Bagnolet et les dossiers en panne
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