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Chers amis,

Après une année de politique Sarkozy, de régression sociale, d'attaques tout azimut contre le code du travail, les droits sociaux et environnementaux, d'atteintes aux libertés démocratiques caractérisées comme dans le cas du fichier Edvige ou dans celui des sans papiers, de pouvoir personnel, la question demeure : les forces de gauche et de l'écologie politique seront-elles au rendez-vous face à un pouvoir décidé à aggraver sa politique malgré des résultats désastreux pour la vie quotidienne de la population et pour la paix comme dans le cas de l'Afghanistan.


Durement touchés par la politique menée par la droite, les salariés, les jeunes, les précaires, ont besoin de la gauche et des écologistes à leurs côtés pour retrouver force et confiance.


De ce point de vue, le bilan que nous faisons des différents dispositifs que nous avons mis en place ensemble depuis deux ans est globalement négatif. Ni le groupe des 10, ni le Comité Riposte, ni le Glege n'ont permis de rendre la gauche et l'écologie plus audible. La réunion plus ou moins espacée des différents responsables ne suffit pas à remplacer un travail précis et sérieux de construction politique. Au contraire, la politique d'affichage sans lendemain, d'effets d'annonces non suivies de positions et d'actions communes renvoie une image politicienne d'une gauche autocentrée sur ses querelles de personnes ou de clans. Laisser croire à l'opinion qu'il suffirait de se rencontrer et de produire quelques communiqués de presse est un leurre. La construction d'une alliance durable n'est pas un casting.


Il s'agit non seulement de créer les conditions d'une alternance en 2012 mais durable de reconstruire une alternative majoritaire. Cela suppose trois conditions.


1) La première est la démocratie délibérative autour du projet.
Nous devons nous adresser réellement à l'ensemble des adhérents, sympathisants, militants de la gauche et des écologistes et plus largement à toute la société. Le comité Riposte ou le GLEGE n'ont pas su depuis deux ans retrouver ce qui avait fait l'élan des Assises de la Transformation sociale : la démocratie participative, ouverte à tous ceux qui se réclament du projet d'émancipation. Il s'agit d'organiser un débat riche ouvert au plus grand nombre, délocalisé, qui ne soit pas une addition de monologues mais permettent des croisements, des interpellations, la mise en débat permanent des grandes réformes qui pourraient structurer une politique de transformations sociales et écologiques, alternative à celle de la droite. La gauche et les écologistes doivent donner le signal d'une reconquête d'une hégémonie intellectuelle face l'idéologie dominante du néo-conservatisme incarné par Nicolas Sarkozy.

Cela suppose d'annoncer clairement la couleur. Ensemble, forces de gauches et écologistes, nous avons une vocation majoritaire et gouvernementale. Nous refusons d'être cantonnés à la gestion des pouvoirs locaux et régionaux face à une droite qui s'occuperait des questions nationales, européennes et mondiales.


Nous sommes candidats au pouvoir parce que les urgences sociales et environnementales nécessitent une politique de transformation fondée non sur l'intérêt particulier de groupes du CAC 40 liés au pouvoir d'un homme mais sur l'intérêt général exprimé par les citoyens mobilisés.


Mais cette implication , ce « pouvoir citoyen » que de la base au sommet, C'est pourquoi, il est essentiel de rompre avec la perception que nos réunions donnent, celle de petits arrangements entre appareils au sommet. Il s'agit de trouver les moyens de refonder l'espérance par l'implication réelle de centaines de milliers de personnes.


Dans ce sens, nous vous proposons la définition de thématiques précises autour de la crise sociale, de la crise écologique, de la crise de la représentation, de l'Europe et de la mondialisation Ces thématiques devraient faire l'objet non seulement de forums nationaux mais seraient portés par le développement d'ateliers locaux de la transformation chargés de porter le débat sur tout le territoire. Des textes jalons issus de ces confrontations d'idées permettraient de dessiner le projet de la gauche et de l'écologie pour la mandature 2012 - 2017, étape incontournable de la construction d'un contrat de mandature. Cette confrontation est indispensable car la contradiction entre le projet des écologistes et celui de vos partis, fondés sur la recherche de la croissance maximum dans le cadre du marché fragilise toute coalition majoritaire. La globalisation a accéléré cette prise de conscience. Le rassemblement des écologistes que nous sommes en train de construire se fonde sur ce refus du système libéral et productiviste. Sans confrontation sur le projet, l'alternative se réduira une fois de plus à une alternance sans lendemain. Nous devons donc donner un signal à toute la gauche et l'écologie politique en n'évitant pas le débat principal : celui du modèle de développement. Alors que nous rentrons dans une civilisation post - pétrolière, les recettes fondées sur la croissance liées à la révolution industrielle et aux Trente Glorieuses ne fonctionnent plus. Nous devons, au - delà des déclarations de principes, en tirer toutes les conséquences. La confrontation entre nos approches, profondément divergentes sur la question du mode de développement est un préalable.


2) La seconde est celle de la bataille de la crédibilité et du contrat de mandature.

Nous ne devons pas nous limiter à des phrases creuses autour d'un vague projet ni d'un catalogue de promesses électorales mais définir les contours de la reconquête en termes de stratégie, de moyens, de contenus, de calendrier, de relations entre les partis et le mouvement social. La gauche et les écologistes ont désormais l'obligation d'inventer des contenus clairs et de les proposer au pays. Aux yeux de nombreux secteurs de la population, c'est d'ailleurs faute de les proposer et de les porter que la gauche a fait la part belle à Sarkozy.


Il s'agit donc de travailler sur un contrat de mandature sans enterrer les désaccords et les divergences qui devront être rendus publics. Il s'agit de rechercher des convergences en proposant des réformes structurelles à entreprendre dans le court et le moyen terme d'une législature, et au delà dans le long terme. Il s'agit de montrer comment ces réformes peuvent s'appliquer a chaque échelon local, régional, européen, international sans rien dissimuler des contraintes économiques, juridiques, techniques et politiques de son application. La construction de la confiance entre nos organisations et les « peuples de gauche et de l'écologie » ne se fera qu'à ce prix.


Nous devons donc nous attaquer réellement, sans faux semblants, à des chantiers identifiés depuis longtemps , l'énergie, la fiscalité, l'aménagement du territoire, les retraites, le revenu d'existence et les minima sociaux, la recherche et l'éducation l'Europe, la coopération...en leur donnant cette fois des réponses en termes d'hypothèses chiffrées, datées et programmées, validées y compris par des propositions de lois préparés en commun. Nous ne voulons plus donner de chèque en blanc à un homme ou une femme doté de tous les pouvoirs pour cinq ans. Nous voulons que les mandataires soient garants auprès des citoyens de l'application d'une politique qui sera conforme au mandat donné.


3) La troisième condition est celle de la mutualisation et de la capitalisation des contenus avec toute la gauche et l'écologie politique qui veut transformer en politiques publiques et en majorité de transformation les aspirations.


Cela inclut les partis (socialiste, communiste, les Verts), la mouvance régionaliste, la mouvance républicaine et radicale, si celle - ci fait clairement le choix de l'opposition à la politique de Sarkozy. Nous vous le disons franchement à cet égard : l'épisode du débat constitutionnel a eu un effet contre-productif sur nos électeurs. Les partis qui se réclament de la gauche et de l'écologie doivent se rassembler dans une opposition frontale à la politique de Nicolas Sarkozy. Celui-ci joue habilement de nos divisions. Il faut mettre un coup d'arrêt à cette valse hésitation.


Mais la coalition majoritaire ne doit pas être seulement partidaire. Elle serait hémiplégique si elle n'associait pas le mouvement social et ses associations, syndicats, mouvements, ses cercles de réflexions, ses revues.


La construction d'une gauche citoyenne et écologiste crédible passe par la rupture du cloisonnement entre ses composantes politique et sociale, institutionnelle et intellectuelle C'est le seul moyen de refuser l'impasse que propose certains en théorisant la rupture entre la gauche de propositions et celle de protestations. Nous savons que ce qui fait la force de la gauche et de l'écologie politique, son pluralisme et sa diversité, peut aussi faire sa faiblesse si nous ne mettons pas en place des passerelles pour surmonter l'éparpillement des formes diverses, parfois contradictoires et conflictuelles entre les cultures, les histoires, les pratiques, les structure. Comment travailler sur les questions liées à la mondialisation sans les altermondialistes, aux questions écologiques sans les acteurs de l'environnement, sur le social sans les syndicalistes, les mouvements de chômeurs et de précaires , sur la politique scientifique sans le collectif « sauvons la recherche » ? Ce n'est pas seulement un apport en terme de contre - expertise mais une remobilisation politique de la société qui est en jeu.


Pour réussir ce pari du rassemblement dans la diversité, la méthodologie de la convergence entre toutes ces gauches et l'écologie politique est donc essentielle pour construire le rassemblement autour des réformes transformatrices nécessaires.


La mise en place d'un collectif d'animation d'une cinquantaine de personnes, issues des partis, de la mouvance associative et syndicale, et d'intellectuels qui non seulement piloteront le processus mais créeront une sorte d'atelier permanent de la transformation est une étape essentielle du processus pour montrer notre volonté politique commune de travailler avec toutes les forces de la transformation sociale et écologique . De même il nous semble que l'adoption d'une charte de la transformation sociale qui ne serait pas seulement un appel sans lendemain mais un code de bonne conduite de la co-élaboration de la stratégie de rassemblement est nécessaire pour garantir la participation de forces non partidaires au processus.


Chers amis, c'est dans ce cadre que nous vous proposons de travailler à la construction de ce projet. Il faut sortir du court - termisme pour construire une coalition à vocation majoritaire pour une politique de transformation où nous pourrons faire converger nos cultures différentes. Nous qui bâtissons le rassemblement des écologistes, nous savons que nous devons travailler aussi au développement d'une alliance politique claire contre les forces de la droite, partisane d'un capitalisme sans limites. Il y a complémentarité entre ces deux démarches que nous assumons conjointement. Un pôle écologiste fort et organisé est le garant d'une dynamique majoritaire qui dépasse les frontières de l'électorat traditionnel de la gauche. Si les étapes que nous avons décrites dans cette lettre sont franchies, nous pourrons envisager avec sérénité la mise en place d'Etats Généraux de toute la gauche et de l'écologie politique.


Dans notre esprit, nos propositions ne sont pas à prendre ou à laisser. Il s'agit d'abord de rompre avec l'immobilisme, les postures, les petites phrases qui minent chaque jour un peu plus l'espoir de millions de français. Il s'agit d'en finir avec le désenchantement en proposant une convergence démocratique qui n'exclut pas de larges fronts de rassemblement et de ripostes immédiates sur la régression sociale, les services publics comme la Poste, le fichier Edvige, la défense des sans papiers ou la politique étrangère de la France. Mais les électrices et les électeurs, la société ne nous attend pas seulement sur notre capacité à nous opposer mais sur celle de proposer un nouvel imaginaire politique et des propositions de changement réels.


Nous avons envers la population une obligation de résultats, celle de réussir l'alliage du contenu et du rassemblement autour d'un socle fort. Si nous ne réussissons pas à nous projeter dans l'avenir, nous entérinerons l'éclatement de la gauche et l'écologie entre renoncement et impuissance et seront comptables pour longtemps de sa défaite.
Recevez, chers amis, l'expression de nos salutations écologistes.


Les Verts

Tag(s) : #actualités nationales
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