Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Image 1

 

Édito du 3 décembre 2012 -

 

Ce qui vient de se passer dans le bras de fer entre le gouvernement et le PDG de Mittal en dit long sur l’impuissance du politique face à la mondialisation. Arnaud Montebourg a joué au matamore en annonçant une nationalisation dont François Hollande a cru bon de faire un argument dans le compromis qu’il espérait obtenir du magnat de l’acier. Visiblement, ni Hollande ni Ayrault n’ont jamais voulu utiliser cette arme, contrairement aux deux pays phares du libéralisme, les USA et la Grande Bretagne.

 

Madame Parisot a juste dû hausser le ton pour que l’Elysée et Matignon descendent en plein vol leur chantre de la démondialisation. Dans cette affaire, les « pigeons » sont d’abord les ouvriers de Florange, déjà trahis par Sarkozy. Les larmes d’Edouard Martin, l’emblématique délégué de la CFDT et ses accusations de traîtrise, resteront comme une marque indélébile dans la mémoire ouvrière, parce qu’on ne fait pas de fausses promesses à des ouvriers pris à la gorge par leur patron. Si les hauts fourneaux s’arrêtent cette semaine, la coupure sera irrémédiable avec ces salariés ; ils savent de longue date à quoi s’en tenir avec ce trader de la sidérurgie qui n’a que faire du maintien de l’emploi et de l’outil industriel.

 

Cet épisode est grave, parce qu’il dévalorise une fois de plus la parole donnée des politiques et, notamment, celle de l’Etat : quand un ministre s’exprime, il est censé représenter la puissance publique et non son opinion personnelle. Dorénavant quel crédit aura Monsieur Montebourg quand il négociera au nom de la France avec un patron délocalisateur ? On ne peut jouer ainsi avec les promesses lancées sur le dos de familles tétanisées par la perte de leur emploi au moment même où l’on annonce chaque mois des dizaines de milliers de chômeurs en plus.

 

Dans la politique moderne, le verbe a remplacé l’action. Dans la lignée de Sarkozy, Montebourg – comme Valls – estime que le dire peut se substituer au faire, que le discours vaut acte. Ce faisant, il désespère toujours un peu plus les classes populaires qui, dégoutées par cette politique spectacle, pourraient bien se réfugier dans les bras de Marine Le Pen. Face à cette fuite en avant, la seule réponse apportée par les deux têtes de l’Exécutif réside dans une improbable recherche du compromis avec un Mittal qui ne reconnait que trois interlocuteurs : son banquier, ses actionnaires et les agences de notation. Il se moque des Etats qui l’accueillent, considérés comme des vaches à lait de la subvention publique.

 

Lorsqu’il négocie péniblement 180 millions d’euros, il attend le versement de 250 millions de la Commission Européenne… A condition que le projet Ulcos soit retenu. Sinon, il ne donnera rien. Il n’est pas impitoyable, il applique simplement les règles du jeu de la mondialisation financière. A force de ne pas vouloir renverser la table, d’essayer d’autres solutions qui soient en rupture avec l’ultralibéralisme, ce gouvernement s’enferme chaque jour un peu plus dans l’impuissance, comme ceux qui l’ont précédé depuis plus de trente ans. Pourtant, en nationalisant le site de Florange, il tenait là l’occasion de montrer qu’il existe une autre voie. Las, il a choisi de céder une fois de plus à la politique du chien flottant au fil de l’eau.

 

La leçon de Florange s’applique à d’autres secteurs : Cette semaine, le débat sur la transition énergétique a commencé sous les fourches caudines des lobbies du nucléaire et du pétrole. Là où il faudrait lancer une politique industrielle déterminée dans les énergies renouvelables et contre le réchauffement climatique, on prépare le terrain à la recherche et à l’exploitation des gaz de schiste. Mieux, en retardant l’annonce à 2016 de la seule fermeture de Fessenheim, on prépare la voie à un enfumage des écologistes. Ils seront tellement contents d’applaudir à la fermeture de la centrale alsacienne que la reconduction du pacte électoral pour les présidentielles se fera au moindre prix.

 

Pour les sans-papiers, Manuel Valls, comme d’habitude, a enfilé les bottes de Nicolas Sarkozy. Le flou de la circulaire s’applique non aux critères, mais à l’appréciation des préfets sur ces éléments de référence. La seule chose à ne pas être dans le flou, c’est le chiffre de 30 000 expulsions qui s’inscrit dans la continuité. Le changement dans la continuité. Tiens, cela me rappelle quelque chose ! Cette politique de gribouille et d’impuissance ressemble furieusement à la Quatrième République… Avec les défauts de l’autoritarisme de la Cinquième : petits calculs et grands abandons. La comédie risque de se transformer en tragédie si l’on ne réagit pas.

 

 

Noël Mamère. Le 3 décembre 2012.

 

 

PS/ 1. Palestine : Lorsque la France respecte ses engagements, il faut le dire haut et fort. Cette semaine, j’étais fier d’être présent à New York, avec la délégation de l’Assemblée nationale qui a assisté à la reconnaissance de la Palestine comme Etat Observateur admis à l’ONU. Même si cela n’aura pas beaucoup d’effet sur le terrain, dans un premier temps, ce petit pas diplomatique est porteur d’un immense espoir. En entraînant d’autres Etats européens, la France a contribué à cette avancée de la paix. Il fallait que ce soit dit et mis au crédit de messieurs Hollande et Fabius.

 

 

PS/ 2. Troisième semaine de crise à l’UMP. Le ridicule ne tue plus. Copé ira sans doute jusqu’au bout, persuadé, à tort sans doute, que le temps lui donnera raison. Là aussi, le spectacle renforce le sentiment d’impuissance et de dégoût vis à vis de la politique en général et des élus en particulier. Le « tous pourris » est en train de gagner du terrain. Personne ne gagne à cette pantalonnade.

 

Tag(s) : #actualités nationales
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :