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Par Pascal Canfin, député européen EUROPE ECOLOGIE - 22 mars 2010


 

Dominique Strauss Kahn était jeudi dernier l'invité de la Commission affaires économiques et monétaires du Parlement européen. Deux heures de questions/réponses permettent d'en savoir plus sur les propositions politiques de DSK. Et de les comparer avec celles portées par Michel Barnier, commissaire européen en charge des services financiers, également auditionné par le Parlement. Une
 comparaison qui réserve quelques surprises.

 

Qui a dit : «Il nous faut un nouvel ordre mondial où les mouvements de capitaux sont encadrés», DSK? Et non perdu, c'est Michel Barnier. DSK a au contraire plaidé pour des marchés financiers mondiaux intégrés et s'est montré très réservé sur la mise en place d'une taxe sur les transactions financières.

 


Qui a dit : «La croissance doit être différente, plus qualitative, plus juste, plus verte». DSK? Encore perdu. Le patron du FMI n'a pas dit un mot sur la nécessaire remise en cause du modèle actuel de croissance.

 


Qui a dit : «Nous allons enquêter pour savoir quel est le rôle des CDS dans la crise grecque. Faut-il interdire les CDS souverains et éventuellement faire une proposition pour limiter la capacité de spéculation contre la dette des Etats»? Et non ce n'est pas DSK qui a, au contraire, insisté sur le fait que les CDS souverains représentaient des volumes peu importants. Mais cet argument, régulièrement repris dans les journaux financiers, n'est pas convaincant.

 


Les marchés sont constitués de titres (actions, obligations) qui sont pour l'essentiel gérés dans une optique non spéculative. Les évolutions soudaines sont le fait de comportements d'acteurs (fonds spéculatifs autonomes ou rattachés aux grandes banques) qui détiennent une part minoritaire du stock de titres mais 
qui peuvent représenter une part très importante des flux échangés sur une période donnée. Un peu comme un jeu de dominos: les CDS par exemple ne représentent qu'un domino sur la table mais quand ils bougent dans une direction ils entraînent les autres. L'influence sur le prix d'un actif, sur le taux d'intérêt d'une obligation, etc., n'est pas du tout proportionnel à la part 
du stock d'actifs possédés.

 


On peut évidemment imaginer que le patron du FMI ne peut pas dire tout ce qu'il pense et que les contraintes institutionnelles l'obligent à modérer son discours. Mais Michel Barnier est aussi sous le regard de la City et des grandes banques européennes. Ce qui ne l'empêche pas de tenir un discours plus proche de ce qui nous semble devoir être fait pour diminuer l'incroyable rente dont bénéficient les banques en raison de la mondialisation et la libéralisation de la finance. Jeudi dernier, devant le Parlement européen, Michel Barnier était plus à gauche que DSK.

Tag(s) : #Economie
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