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Fin février j'étais une nouvelle fois à Tunis. Dans les rues beaucoup d'éléments de décoration : le Drapeau tunisien dans les différents formats, et les photos du président Ben Ali, des grands, des moyens et des petits portraits partout. Le culte de la personnalité dans la rue et dans la presse, toujours dans la presse nationale à la première page une ou deux photos du président tunisien. Staline en URSS, Khomeiny en Iran, Kim Il Sung en Corée du Nord bénéficiaient toujours du même type de propagande. En Tunisie Ben Ali prend le pouvoir en 1987.


Bourguiba malade, Ben Ali se fait élire pour 4 ans mais redevient président pour un nouveau mandat et ensuite il changer la constitution : la durée de 4 ans se transforme en 7 ans et le nombre de mandat qui était limité à deux et désormais est illimité. Le président devient sultan. Dans d'autres républiques il se passe la même chose : en Syrie après Général Assad, le fils arrive au pouvoir, en Corée du Nord après la mort de Kim Il Sung, le fils garde le pouvoir, Omar Bingo reste au pouvoir jusqu'à la fin de sa vie ; Moubarak cherche à faire assurer le pouvoir pour son fils.


En Tunisie on peut tout faire sauf de la politique contre le président. A la télé aucun débat politique, surtout du foot et de la musique et dans la ville 5 appels à la prière par jour. Les journalistes s'autocensurent, la liberté d'expression est absente.


Pour me promener je vais sur l'avenue de H. Bourguiba, les champs Elysées de Tunis. Une belle avenue avec l'alignement d'arbres protégeant beaucoup d'oiseaux, nombreux restaurants et de cafés, sur les terrasses de cafés beaucoup de personnes surtout des jeunes ; les tunisiens disent : on n'a pas beaucoup de ressources naturelles mais on a beaucoup des ressources humaines. Malgré un taux de croissance de 5%, le taux de chômage est de 14% et certainement ce taux chez les jeunes est très élevé. Les jeunes jusqu'à leur mariage restent chez leur parents et le mariage intervient tardivement entre 28-30 ans, beaucoup d'entre eux souhaitent partir en France, filles et garçons fument énormément, des relations libres et cordiales dans les cafés et une certaine sérénité. Le nombre de filles voilées a légèrement augmenté ; un ami tunisien disait : « il y a deux raisons à cela, des télévisions islamiques des Emirats sont regardées et certaines filles par cette tactique cherchent des maris » ! C'est vrai depuis deux ans le gouvernement ferme ses yeux.




Les gens sont pacifiques et sympa et dès le premier contact, ils t'appellent par ton prénom et la règle c'est le tutoiement. Dans les restaurants c'est assez fréquent de voir les gens de manger sans fourchette, ni cuillère et dans la même assiette à deux, avec 5 dinars (3 euros) tu manges correctement dans un restaurant ordinaire. Il faut rappeler que le SMIC est de 250 Dinars (150 euros), un cadre touche entre 500 et 700 Dinars. Sur 10 millions d'habitants une petite catégorie est très riche et s'enrichit plutôt dans l'import-export.




Le gouvernement a limité le développement de l'université publique et par contre les universités privées se développent beaucoup et elles cherchent des partenariats avec des universités françaises et aussi canadiennes. L'enseignement se fait à l'école et au collège en arabe mais à partir du lycée et en université beaucoup de cours sont en français, néanmoins les enseignants disent: on peut constater chez les étudiants une certaine faiblesse dans la pratique de la langue française. Dans l'université privée il existe un nombre important d'étudiants de l'Afrique noir et des pays arabes. Ceux qui n'arrivent pas à aller en Europe s'installent à Tunis pour faire leurs études.


L'indépendance du pays est en 1956 grâce à Bourguiba, c'est lui qui lance une politique contre la polygamie, contre le voile et pour la maitrise de la natalité et la modernisation du pays. Il était pour une politique laïque. Certains tunisiens disent: pour nous il était visionnaire.



Si vous venez à Tunis, il faut absolument visiter Sidi Bou Saïd, avec ses couleurs le bleu et le blanc, avec ses pavés et ses petites ruelles, avec ses commerçants et ses produits artisanaux, avec ses cafés et son thé à la menthe ou aux amandes et avec la Méditerranée à ses pieds. Bien évidemment le Carthage, le vestige des phéniciens et de l'empire romain, ainsi que le musé de Bardo avec ses mosaïques de l'époque, sont des rencontres amoureuses avec l'histoire.


Le labyrinthe de la Médina te permet de découvrir les couleurs, les poteries, les souks et la grande mosquée, appelée la Zitouna ou mosquée de l'Oliver. Une médersa fondée dès 737 au sein de la mosquée Zitouna. Parmi ses élèves célèbres figurent Ibn Khaldoun ou encore Abou el Kacem Chebbi. Habib Bourguiba met fin au lien entre l'université et la mosquée.



Ibn Khaldoun, né en 1332 à Tunis et mort en 1406 au Caire, est un historien, philosophe et homme politique. Sa façon d'analyser les changements sociaux qu'il a observés dans sa culture lui vaut d'être considéré comme étant à l'avant-garde de la sociologie. C'est surtout un historien de premier plan auquel on doit des "Prolégomènes à l'histoire universelle" et "Le Livre des exemples ou Livre des considérations sur l'histoire des Arabes, des Persans et des Berbères". Quand vous êtes à Tunis allez voir devant le consulat de France la statue de Ibn Khaldoun, pas très loin de la porte de France.



Le poète Abou el Kacem Chebbi (أبو القاسم الشابي), né en 1909 à Tozeur et décédé en 1934 à Tunis, est un poète tunisien d'expression arabe unanimement considéré comme le poète national de la Tunisie. Enfin, ces deux vers de Chebbi, issus de son poème La volonté de vivre, sont intégrés à la fin de l'hymne national du pays : « Lorsqu'un jour le peuple veut vivre, force est pour le destin de répondre, force est pour les ténèbres de se dissiper, force est pour les chaînes de se briser. » ; oui le destin ne résiste pas devant la volonté des Hommes.


Après une semaine d'enseignement à l'université le samedi 28 février à 14h un groupe de mes étudiants est venu me remercier en m'offrant un cadeau, puis un collègue tunisien m'a offert une boite de dattes. C'est formidable quand le respect et la simplicité gouvernent nos relations.
L'hypocrisie rend malade le comportement des individus et tue la fraicheur relationnelle.

Dans l'après midi je suis allé pour la dernière fois à la librairie sur l'avenue de Bourguiba j'ai acheté un ouvrage d'Ibn Arabî « Traité de l'amour ». Celui-ci évoquait l'amour sous toutes ses formes, naturelle, physique, et spirituelle. Dans l'avion du retour je m'interrogeais sur la forme la plus présente de l'amour dans la société Tunisienne.


Tag(s) : #La vie des VERTS
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