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Plus de 2 millions de personnes ont participé ce week-end à la votation citoyenne sur l’avenir de La Poste. Cet engouement est significatif et prouve que Le climat politique n’est pas forcément rythmé par l’agenda des médias. La population en a assez d’être soumise à la mise en scène répétée des faits divers par le pouvoir pour tenter de faire oublier que nous vivons dans une société à 2 vitesses, dure pour les pauvres et généreuse pour les plus riches.


 

Trois enseignements sont à tirer de ce référendum « sauvage » :

 

1 - La défense des services publics fait consensus, bien au delà du « peuple de gauche ». La poste, comme l’école ou les hôpitaux, ne sont pas que des équipements publics, mais l’expression du modèle social français. La continuité, l’universalité, l’accès de tous aux services publics, constituent les principes fondateurs de la République sociale.


Au moment où la crise et la mondialisation semblent emporter ce modèle issu de la Charte du Conseil National de la Résistance, la société mobilisée refuse massivement que l’on mette aux enchères ce creuset de la République et de la démocratie. La bataille pour les services publics ne fait que commencer ; elle est identitaire du combat des écologistes.


Le projet d’une société de « biens communs », en termes de ressources naturelles (l’eau, l’air, la terre, la mer) ou de biens publics (la santé, l’éducation, la culture, la communication et l’information) passe nécessairement par des missions de service public.


Une Poste privatisée ne remplirait pas ce rôle, tout simplement parce qu’une entreprise privée doit générer du profit pour ses actionnaires ; du coup, les services non rentables, en zones rurales ou en banlieues, le courrier individuel et tous les petits services que rendent les postiers, sont appelés à disparaître, parce qu’ils ne sont pas des sources de « cash », comme l’on dit chez ces Messieurs du Cac 40, même s’ils contribuent grandement au maintien du lien social.


 

2 - La démocratie participative n’est pas un gadget inventé par Ségolène Royal.


Face à un enjeu important, les citoyens savent se mobiliser et dire leur mot. Plus de 6 000 points de vote ont été organisés dans toute la France, des zones rurales les plus éloignées aux centres urbains les plus denses. Ce sont des villages entiers qui se sont exprimés pour refuser la désertification que leur impose la disparition des services publics. Mais, dans les quartiers populaires aussi les urnes étaient nombreuses et les discussions allaient bon train.


Nicolas Sarkozy, qui croyait avoir réalisé un bon coup en introduisant dans la Constitution la possibilité d’organiser des référendums d’Initiative populaire, tout en faisant traîner la loi organique qui les rendraient possibles, aura compris le message. Si la « peopolisation » de la vie politique engendre l’abstentionnisme, les débats sur le TCE en 2005 ou les services publics aujourd’hui sont producteurs de sens et redonnent aux citoyens le goût du politique.


L’hyper-président, qui surfe sur la dépolitisation et la tyrannie de l’émotion, est plus à l’aise avec tel fait divers nauséabond qui met en lumière les dysfonctionnements de la justice au quotidien, qu’avec la réalité massive du chômage, de la précarité, du démantèlement des services publics et la marchandisation des biens communs qui produisent la désespérance de dizaines de millions de gens.



La gauche n’a pas à se coucher devant la démocratie médiatique fondée sur les sondages, elle a tout à gagner de la participation des citoyens aux mécanismes de décision des politiques publiques, bien au contraire ; sa fonction est d’exprimer les exigences collectives, la défense de La Poste en est une. Rendre la parole au peuple est à l’origine des référendums d’initiative populaire. Du budget participatif aux conférences de consensus, des conseils de quartiers aux jurys citoyens, toutes ces formes politiques cherchent à inventer une nouvelle démocratie délibérative associant les acteurs de la cité aux choix qui les concernent.



Cette réponse à la crise de représentation ne doit pas être un gadget pour résoudre les problèmes d’un parti politique sans projet. Comme les primaires votées par les militants du PS cette semaine. Au contraire, la question de la démocratie directe doit être au centre du projet de toute la gauche et des écologistes. Ce qui nous distingue de la droite bonapartiste et caporalisée de Nicolas Sarkozy, c’est le respect de la diversité. C’est ce visage que nous avons montré lors de la votation citoyenne.


 

3 - La dernière des leçons, mais pas la moindre, est le formidable besoin d’unité du peuple de gauche.

 

Qu’il était bon cette semaine, et notamment ce samedi, de voir à tous les coins de rue, sur toutes les places publiques, les militants du PS, du PC, du PG, du NPA, des Verts, des syndicats, des associations, mais aussi tous les non encartés, ces hussards de la société civile, qui n’hésitaient pas à sacrifier leur temps libre pour aller à la rencontre des citoyens. C’est dans l’action que la gauche, la vraie, celle des militants, se retrouve coude à coude, fraternellement. Je ne suis pas naïf. Je sais qu’une hirondelle ne fait pas le printemps mais cela faisait chaud au cœur de se retrouver « tous ensemble » sur le pavé de nos villes, élus de base et simples grognards de tous les bons combats.



Ici, point de Modem, ces gens là ne se mêlent pas de ces histoires « corporatistes », point de luttes entre « présidentiables » trentenaires, quadra, quinqua ou sexagénaires, mais des militants, tout simplement, sans effet de manche, sans conseillers en communication, sans petites phrases sur le voisin, bref, la gauche, la vraie, celle des sans-culottes, des barricades de 1830, de la Commune, du Front Populaire, de la Résistance, de Mai 68, des grèves de 95 et du CPE.



Nostalgie ? Non, réalisme. Lorsque tout fout le camp, le peuple de gauche est toujours au rendez-vous dans ce pays. Il sait reconstituer son unité. Les écologistes sont au coeur de cette gauche là, comme en témoigne le rôle joué par la mairie Verte du IIème arrondissement de Paris, dirigée par mon ami Jacques Boutaud, où le comité organisateur de la votation citoyenne a installé son QG.



Leurs nouvelles responsabilités, nées du vote du 7 juin, les place au cœur de cette gauche. Mais l’unité ne se fera pas sans clarification, sur les services publics comme sur le reste. Nous sommes pour la défense de la Poste, mais aussi pour qu’elle s’adapte aux besoins et aux mutations, qu’elle innove, qu’elle fasse respecter le statut des fonctionnaires tout en ne le transformant pas en prétexte pour ne rien changer.


La Poste doit participer activement aux processus d’aménagement du territoire, de réduction de la fracture numérique, d’accessibilité à un service bancaire pour tous, notamment les plus pauvres. La Poste est un maillon essentiel de la relocalisation des activités et de la lutte contre la désertification. Lutter contre la privatisation n’est pas un projet défensif, mais un programme de transformation écologique et social. Nous devrons le réaliser avec les postiers et les usagers, mais dans le rassemblement. Le 3 octobre n’est qu’un début sur le chemin de la reconquête des services publics.

 


Noël Mamère, le 5 octobre 2009

 


P.S. 1 : L’Irlande a donc « bien » voté cette fois ci, donc renié son vote « NO » de l’année dernière. Si l’on voulait déconsidérer la démocratie et l’idée européenne, voici un cas d’école. On oblige les peuples à se déjuger jusqu’à ce qu’ils votent « comme il faut », au mépris de toute démocratie. Ce n’est pas comme cela qu’on convaincra les opinions qu’une Europe des citoyens est en train de se construire. On peut avoir voté oui comme je l’ai fait en 2005, tout en respectant les partisans du Non. Je ne suis pas sûr que l’Europe sortira grandie de cet épisode.


 

P.S. 2 : La cagnotte contre l’absentéisme. On n’arrête pas le « progrès ». Cette fois-ci on paiera les élèves pour lutter contre l’absentéisme. Mais dans quel monde vit-on ? Cette traduction in vivo du slogan présidentiel « travailler plus pour gagner plus » m’écoeure profondément. La marchandisation des esprits et de l’éducation est introduite directement par le rectorat de l’Académie de Créteil, donc par l’État. La notion de projet éducatif est piétinée, galvaudée. Cet exemple méprisable va produire ses effets : Les élèves et les parents les plus défavorisés négocieront leur présence, établissement par établissement. Au lieu de payer mieux et plus de profs dans les zones d’éducation prioritaires, au lieu d’appliquer le Plan banlieue de Fadela Amara, on achète la présence des élèves.

 


P.S. 3 : La Guinée se meurt dans l’indifférence. Ce qui vient de s’y passer dépasse en horreur le 11 septembre du Général Pinochet. Dans un stade de Conakry, on a non seulement tué 250 personnes et blessé des centaines d’autres, les militaires du capitaine Dadis Camara ont systématiquement violé les femmes rassemblées dans le stade lors de ce meeting de l’opposition. Quelques jours après cet enfer, on n’en parle déjà plus. L’Afrique c’est loin et, de la Centrafrique au Congo Brazzaville, du Niger au Togo, on doit laisser les Bolloré, Total, et autres Areva faire des affaires en liaison avec les dictateurs. Moi, je ne me résigne pas à cette Françafrique qui se finance sur le dos des peuples. Et vous ?

Tag(s) : #actualités nationales
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