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De conférence intermédiaire en conférence intermédiaire, le refrain s’est installé : la situation se débloquera la prochaine fois. Poznan en décembre espérait Bonn au printemps, Bonn attendait Bangkok en cette fin septembre… et Bangkok doute de plus en plus de Barcelone, où aura lieu le mois prochain la dernière conférence intermédiaire préparatoire au sommet de Copenhague.

 

 

Bangkok, le 2 octobre 2009.


 

La rencontre que nous avons eu jeudi, au titre des organisations non gouvernementales[1], avec la présidence suédoise illustre cette situation de blocage. L’Union Européenne, qui a depuis plusieurs mois mis sur la table la proposition la plus ambitieuse de réduction des émissions en 2020 (30 % si accord à Copenhague), durcit sa position. Pas question pour elle d’avancer dans les propositions, notamment sur les engagements financiers envers les pays du Sud, si les « autres » ne bougent pas : engagement de la Chine sur ses propres niveaux d’émissions, accord des Américains à s’inscrire dans un protocole juridique unique… chacun continue d’attendre l’autre. Ban Ki Moon a beau exhorter les européens à être la « locomotive » de la négociation, le train de l’Union reste lui aussi à quai.


 

Il n’y a guère de points de consensus aujourd’hui : même le travail sur le texte de négociation préparé par Mikael Cutajar, le président de l’« Ad Hoc Working Group on Long-term Cooperative Action » est remis en cause. Pour de nombreux intervenants de la session plénière de ce vendredi, ce texte est bien trop long (200 pages) et ne permet plus guère de travailler ; Yvo de Boer, le secrétaire de l’UNFCCC est allé dans ce sens, ce à quoi Mikael Cutajar répond que la question n’est pas la longueur du texte mais les problèmes qu’il permet de résoudre.



Quel nouveau type de texte avec quel statut juridique sera présenté à Copenhague, le chef de la délégation suédoise n’a pas répondu hier à la question que je lui posais sur ce point. En tant que représentants des réseaux de collectivités locales mondiales, nous nous félicitions pourtant, grâce notamment au soutien des pays africains, d’avoir réussi à faire intégrer dans le texte actuel de nombreux amendements sur le rôle central des villes et des gouvernements locaux et régionaux pour atteindre les objectifs mondiaux. Nous devrons peut-être refaire une partie de ce travail mais pour l’instant la discussion continue autour du texte de M. Cutajar, auquel des parties comme l’Inde restent attachées. Les différents groupes de travail devront, si on en croit la session de ce vendredi, rentrer dans le dur de la négociation, la semaine prochaine.


 

Il faut noter que la discussion s’est notablement tendue dans les sessions plénières. Les pays du Sud, regroupés dans le groupe G77 et la Chine durcissent leur propos : « les pays de l’annexe 1 (les pays développés) ne méritent pas notre confiance » a, par exemple, déclaré l’Île Maurice. Et les pays du Sud dénoncent déjà par avance des tentatives de remise en cause des principes du protocole de Kyoto.


 

Essayons néanmoins de garder un peu d’optimisme en se disant que la communauté internationale est condamnée à un accord à Copenhague

Les intervenants des différentes délégations insistent sur la nécessité de se concentrer dorénavant sur les points essentiels. Les pays d’Amérique latine, membres de différents groupes de négociations, ont par exemple décidé de travailler ensemble pour tenter de dégager des consensus. Sur le processus REDD, qui concerne les mécanismes de lutte contre la déforestation, les choses continuent d’avancer assez rapidement vers un texte « consolidé ». L’Europe a aussi dit clairement que les objectifs de réduction des émissions des transports maritimes et aériens devraient être dans l’accord final, même si la discussion technique reste ardue notamment sur l’approche différenciée Nord-Sud pour le transport maritime. Sans se focaliser sur l’architecture finale, et les engagements de réduction des émissions des différents protagonistes, les équipes de négociateurs, les ONG et autres lobbyistes qui cherchent à influer l’accord final continuent donc de travailler sur les différents sujets et les modalités techniques de l’accord le plus ambitieux jamais recherché par la communauté mondiale. Ainsi va la négociation à Bangkok, une des mégalopoles du monde les plus menacées selon l’OCDE par la montée des eaux et les risques climatiques.

Notes

 


(1)pour l’ONU, les collectivités locales sont des ONG au même titre que les associations de protection de la nature

 

 

Ronan Dantec est vice-président VERT de Nantes-Métropole et porte-parole des réseaux mondiaux de collectivités locales dans la négociation internationale sur le climat.

 

http://ecolosphere.net

 

Tag(s) : #Déreglement climatique
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