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jacques.jpgDes méthodes d'un autre temps sont appliquées au Conseil Général du Val de Marne. La démocratie n'a pas la même valeur pour tous.

Le comportement du président communiste du conseil général du 94 est scandaleux

 

 

 

Lettre ouverte de Jacques Perreux à Christian Favier, Président du Conseil général du Val-de-Marne et aux élus du front de gauche.

 

Jacques Perreux est Conseiller général, vice-président du Conseil général en charge de l’eau, de l’assainissement, des énergies renouvelables et du développement durable. Membre du groupe Gauche Citoyenne et Conseiller régional, vice-président du groupe Europe Ecologie-les Verts, vice-président de la commission environnement.

 

 

Christian Favier, Président du Conseil général du Val-de-Marne, a annoncé à Daniel Breuiller, Président de notre groupe, que les deux vice-Présidents écologistes ne pourraient plus faire partie de l’exécutif.

 

 

Monsieur le Président et chers collègues,

 

 

Avec le groupe communiste, vous avez décidé d’éliminer de l’exécutif un courant de pensée et d’action en pleine progression dans le Val-de-Marne, celui de l’écologie. En effet, Europe Ecologie – Les Verts et la seule force politique à avoir gagné en voix et en pourcentage. Vous avez remporté l’élection et obtenu un siège de plus en rassemblant au premier tour 28 000 suffrages, soit 7,5% des inscrits. Mais, les 28 000 électeurs du Front de Gauche ne vous ont pas élu pour faire taire les 19 000 électeurs d’Europe Ecologie. Imaginez une famille de 20 personnes où tout le monde aurait voté, les 4 qui ont voté Front de Gauche n’ont pas envie de bâillonner les 3 qui ont voté écologistes et qui sont d’ailleurs peut-être leurs enfants ou petits-enfants. Ils sont ensemble, se sentent de la même famille progressiste, et nourrissent mutuellement leurs intelligences. Cela s’appelle la diversité. Sans toutes ses composantes, la démocratie est une démocratie amputée.

 

 

Le geste qui consiste à écarter une force émergente qui porte les enjeux de transformation des modes de vie, de production et de consommation, est un geste que rien ne peut justifier. Nous avons des différences, acceptons-les. Nous savons dans le Val-de-Marne, à quel point elles sont précieuses, car notre département est, sans doute plus que d’autres, synonyme de pluralisme, de mixité, d’équilibre, de diversité et de multiculturalisme. Ce sont ces différences que vous avez su, M. le Président, et que nous avons su avec vous, faire vivre et fructifier dans notre majorité sortante, mais aussi sur l’ensemble des bancs de notre assemblée. Aujourd’hui, cela est menacé.

 

 

La campagne électorale a été rude. Anormalement rude. Il faudra bien en parler, et pourquoi pas rudement, mais en tout les cas fraternellement si on veut vraiment construire une espérance et une alternative à gauche. Prenez ma lettre comme une participation au débat dans cet esprit.

 

 

Dans cette campagne, vous avez diabolisé l’accord à 2 que nous avons passé avec le PS à défaut de l’accord à 3 que nous voulions de toutes nos forces avoir avec vous et le PS. Pourtant en politique, les accords sont courants, surtout quand le mode de scrutin conduit à laminer les forces politiques petites et moyennes au profit du bipartisme. Et pourquoi le diaboliser alors que vous même, vous passez de tels accords souvent avec le PS et parfois avec Europe Ecologie – Les Vert comme dans l’Allier pour préserver la présidence communiste de ce département. Personne ne trouve rien à redire à cela et c’est normal.

 

 

Dans cette campagne, vous nous avez accusé de vouloir faire basculer le département. Pourtant, notre groupe a affirmé à plusieurs reprises que nous voterions pour que vous restiez à la tête de notre assemblée. Et c’est ce que nous ferons évidemment Jeudi car pour nous, la parole devant le peuple a la plus grande valeur. Vos accusations nous ont blessés alors que notre seul objectif était que la gauche soit mieux équilibrée par une meilleure représentation de sa composante écologiste et citoyenne.

 

 

Dans cette campagne, vous avez martelé que vous étiez « la seule force vraiment à gauche » comme si vous étiez les dépositaires exclusifs du brevet de « la gauche vraiment à gauche " Mais franchement, on peut parfois se poser des questions, par exemple dans les batailles pour les services publics de l’eau et de l’énergie et contre leur marchandisation par les multinationales. Batailles où vous n’êtes pas totalement présents, c’est le moins que l’on puisse dire.

 

 

Vous n’êtes pas « le sel de la terre », comme vous l’a dit un jour l’ancien ministre communiste Anicet Lepors. Par exemple, vous n’êtes pas les plus sensibles et les plus actifs contre la précarité énergétique qui touche les plus démunis, contre les OGM, contre les pesticides et la malbouffe qui empoisonnent d’abord les plus modestes. Que dire des paradis fiscaux ?

 

 

Alors le PCF seule force vraiment à gauche ? Pas si sûr ! Allez voir ce magnifique film « We want sex equality » qui montre comment la gauche, y compris marxiste, a pu passer à côté, voire s’opposer à un combat aussi fondamental que le féminisme. Et puis concernant la catastrophe en cours au Japon qui nous menace tous, je ne vous ferai surtout pas l’injure de dire que vous êtes de droite, sous prétexte que comme le président Sarkozy, vous êtes pour le nucléaire. Je ne dirai pas non plus que Dominique De Villepin est de gauche, sous prétexte qu’il dit être pour la sortie du nucléaire. Comme quoi le classement gauche / droite est nécessaire, mais insuffisant pour s’attaquer radicalement à toutes les injustices et construire des alternatives au capitalisme et au productivisme.

 

 

Dans cette campagne, parfois des écrits insultants, des propos ignobles et même des violences physiques ont remplacé l’argumentation politique et porté atteinte à la dignité et l’intégrité de nos candidats et militants. Je sais bien que beaucoup d’entre vous ont condamné en privé de telles méthodes. Mais jamais publiquement. N’avez-vous pas pris le risque de faire ressurgir quelque chose que le PCF a condamné il y a longtemps : cette idée dangereuse, ô combien dangereuse, que la fin justifie les moyens.

 

 

Permettez-moi un mot personnel : nous sommes des centaines de milliers d’anciens adhérents et militants du PCF dans ce pays. Il faut nous respecter. Nous n’avons pas trahi nos idées, mais seulement considéré que le logiciel du PCF ne nous permettait plus de les faire vivre. Vous le savez, si j’ai quitté le PCF, c’est aussi parce que celui-ci tournait le dos au combat contre la marchandisation de l’eau, ce bien commun. Pour ma part, je revendique, en regardant droit dans les yeux ceux que de tels propos dérangent, d’être un communiste devenu écologiste. C’est peut-être une espèce en voie d’apparition, produit de la rencontre entre le mouvement ouvrier progressiste et l’écologie politique. Mais je garde de cette culture communiste ce qu’elle porte de générosité, de fraternité et de mise en commun.

 

 

Et puis, il semble que la goutte qui aurait fait déborder le vase serait la question du non désistement dans 3 cantons où la droite et l’extrême droite étaient éliminées. Certains ont pris un malin plaisir à m’attribuer des propos que je n’ai pas tenus. Personnellement – et mes amis écologistes le savent bien-, j’étais pour le désistement pour éviter notamment un risque de confusion. Cela étant, ne vous enfermez pas dans vos certitudes sans vous interroger sur l’exigence montante d’autonomie des individus qui ne veulent pas être dépossédés de leur libre choix, d’autant que nous sommes dans une démocratie en crise profonde, où les repères gauche / droite ont été mis à mal par les idées et par les actes. En bref, le désistement automatique est un sujet de débat sérieux qui pose la question de la nécessaire révolution dans les modes de représentation et de décisions des institutions.

 

 

M. Le Président et chers collègues, au moment où vous vous apprêtez à nous écarter de l’exécutif départemental, je veux revendiquer avec fierté et modestie notre apport à l’exécutif. Nous y avons mis nos passions, nos intuitions, notre sens de l’intérêt général et notre loyauté. Daniel Breuiller et moi-même, avons mis tout notre enthousiasme, quand parfois d’autres traînaient des pieds, pour réussir le processus « Imagine Le Val de Marne » qui a fait bouger tellement de choses. Mon collègue Daniel Breuiller nous a engagé avec détermination dans des logiques participatives. Notre département a été le premier à avoir voté une charte de la participation qui fait qu’aucun projet ne peut se décider sans l’avis et l’implication des citoyens.

 

 

Tous les deux, nous avons largement contribué à ce que le département s’engage dans la défense des sans-papiers et des Roms.

 

 

Pour ma part, j’ai initié et conduit avec le respect de tous nos partenaires, la construction partagée du festival de l’Oh ! Celui-ci procure du bien-être, crée un sentiment de communauté autour de l’eau et donne une très belle image de notre département. Un groupe de chercheurs vient d’ailleurs de reconnaître au festival les qualités originales pour devenir la manifestation métropolitaine des années 2010-2030.

 

 

J’espère avoir contribué à donner tout son sens au travail et au dévouement du personnel du service de l’eau et de l’environnement. Pour moi, c’est cela le service public. Nous avons fait du Plan bleu un bien commun. Le Plan Climat, j’en suis sûr, débouchera sur des propositions fortes de nature à prendre notre part des responsabilités planétaires en matière d’émission de gaz à effet de serre. Nous sommes sur le point de réaliser l’utopie de redonner vie à la Bièvre.

 

 

Néanmoins, certains dossiers innovants, je veux le dire, n’ont pas suffisamment avancé et parfois même ont été remis en cause du fait d’une volonté politique insuffisante. Je pense notamment à la station expérimentale de la dépollution des eaux pluviales, à la création d’un service public de la géothermie, mais aussi à l’alimentation, l’agriculture à l’aménagement des berges où il y a tant à faire.

 

 

Monsieur le Président, votre décision ne va pas nous isoler ni nous faire tomber dans la contestation stérile, bien au contraire. Les enjeux écologiques sont bien trop importants. Nos convictions et notre détermination à les faire vivre nous interdisent de baisser les bras. Avec Christine Janodet, Daniel Breuiller et beaucoup d’autres, nous allons initier la création d’un forum social de l’écologie en Val-de-Marne. Avec tous les citoyens qui le souhaitent, les militants associatifs, les élus de toutes sensibilités, les experts, tous sur un pied d’égalité et sans instrumentaliser personne, nous allons travailler, faire des propositions, agir et construire un nouveau rapport avec l’institution départementale.

 

 

Une page se tourne. Une autre s’écrit.

Tag(s) : #actualités nationales
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