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L'Institut National du Cancer (INCa) vient de publier un rapport « Nutrition et Cancer » dont la princiale recommandation est la suivante : « la consommation d'alcool, et notamment de vin, est déconseillée ».


Par contre, pas de problème avec les additifs alimentaires comme l'aspartame, les résidus de pesticides ou les acides gras trans.


Curieux, les données scientifiques sont apparemment pourtant bien stabilisées autour de l'idée qu'une consommation modérée d'alcool, notamment de vin, a des effets positifs en matière de maladies cardio-vasculaires. Sans parler des conséquences en termes d'environnement social et donc de bien-être, moins chiffrable mais pourtant bien réel. Sortir des recommandations abruptes comme le fait l'INCa sans les situer de façon plus globale renvoie aux conceptions hygiénistes autoritaires du siècle dernier.



Au même moment, le Monde publie des Cahiers de la compétititivité de 8 pages tout à la gloire de l' activité de l'INCa et des institutions qui partagent sa vision. Normal, ces cahiers ont beau être encartés dans un n° du Monde, ce n'est néanmoins que de la publicité. Que le monde de la cancérologie en soit réduit à utiliser les publi-reportages utilisés généralement pour vanter les mérites de gouvernements dictatoriaux du tiers monde, dans un style digne de la presse soviétique de la belle époque, en dit long sur la mentalité des responsables de la lutte contre le cancer en France et sur leur crainte qu'un vrai débat n'ait lieu dans le pays sur l'échec de leur politique.


Le rapprochement entre les 2 évènements n'est pas fortuit. Le plan cancer lancé par Jacques Chirac avait retenu un objectif de diminution de la mortalité de 20 %. On chercherait en vain mention de ce chiffre dans ces documents. Et pour cause, car il n'a pas été atteint et de loin. La diminution ne sera que de quelques pour cents.


Pour atteindre l'objectif de 20 %, il aurait fallu changer radicalement de philosophie c'est-à-dire arrêter de tout miser sur la logique curative et sur une prévention ciblée sur les seuls facteurs de risque tabac et alcool. Ceux-ci sont importants certes, mais, grâce aux campagnes de prévention, ils diminuent régulièrement depuis plusieurs décennies. Mais malgré cela, le taux de cancer progresse : + 88 % en 25 ans. Cherchez l'erreur.


Aucune mention n'est faite néanmoins, dans ces Cahiers, de la dimension environnementale du cancer. Pourtant, son homologue américain, l'Institut National du Cancer, écrit en 2003 dans un rapport intitulé « Cancer et Environnement » : « On peut estimer que jusqu'à deux tiers des cancers sont liés à des causes environnementales. Il se peut que ce nombre puisse être plus élevé encore ». La loi HPST est de ce point de vue conforme à la cécité des responsables de la lutte contre le cancer avec une mesure phare dérisoire : la lutte contre les cigarettes bonbons. La paille du verre de vin ne devrait pas masquer la poutre de la pollution chimique.
Tag(s) : #Santé
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